La nuit était lourde, le ciel couvrait la terre de Liechtbrug d’un noir plus obscur qu’imaginable. Seul un feu brillait dans ce néant sans fin. Plusieurs silhouettes étaient immobiles autour des flammes alors que seulement les crépitements du bois résonnaient dans le froid de la Forêt Noire. L’ambiance était lourde. C’était comme si rien n’y vivait comme si la vie avait quitté cet endroit depuis plusieurs années. puis vint une femme, avec un chiffon qu’elle tenait sur ses mains, tendues vers le ciel, comme un objet sacré. Plus elle s’avançait vers le buisson ardent, plus elle baissait le visage à l’intérieur de son col, comme si la chaleur la révulsait. Malgré cela, son pas était sûr, évitant les racines et les différents pièges naturels qui s’échafaudaient sur son passage.
Une fois arrivé devant l’élément brûlant, elle releva le tissu. De cette façon, elle révéla un fer à marquer qu’elle présenta à chacun et chacune des participants. Ils étaient tous habillé de la même tunique sombre, attachée par une corde à son centre. Une fois son tour fini, la porteuse se dirigea au centre et leva l’outil en direction de la Lune tout en s’inclinant, mettant un genou à terre.
« Shae intra veinas, fa ikzajk v hofr. Nï harfèi, na harfèe, nea loj eta noït pu jihir y pu zamm mi aug stren., commença-t-elle a réciter.
Que l’ombre rentre dans vos veines, qu’elle se répande dans votre âme. Mes frères et mes sœurs, nous sommes là ce soir pour nous unir et pour rendre justice au nom de l’œil. » Puis, tout le groupe reprit en même temps après avoir scellé le cercle en empoignant la poigne de chacun de ses deux voisins. Alors qu'ils s’exécutaient, la porteuse du marqueur le posa à côté du feu et sortit une lame recouverte de pierres précieuses qu'elle sortit de son fourreau. Le poignard virevolta en l'air quelques secondes et vint taillader la maîtresse de cérémonie au niveau de l'avant-bras. Le sang se fraya un chemin et tomba dans un bol où se trouvaient déjà des épices et différents ingrédients.
« Mes frères, mes sœurs, remplissons maintenant la dernière partie du rituel ! dit-elle avec plus d’entrain qu’avant. La femme se dirigea alors vers le premier homme et le sectionna au niveau du poignet avec la même arme afin de récupérer le liquide rouge qui coulait de la plaie dans le même récipient.
Ne lâchez surtout pas le lien ou le rituel sera dissipé ! Supportez la douleur pour l’œil ! » Suite à ses mots, elle fit le tour et recueillit le sang de tous les participants.
Le tissu noir léger avait glissé le long de ses bras alors que ces derniers étaient tendus vers la Lune. Ils restèrent ainsi, silencieux plusieurs minutes avant qu’elle ne se relève. Le feu s’était éteint, ne laissant qu’un tapis de braises encore ardentes. Elle se pencha alors pour poser le récipient sur la matière brulante qui commença à bouillir après quelques secondes. Elle se mit à réciter des mantras tellement doucement qu’ils n’étaient que des murmures. Une vapeur bleue se mit à sortir de la concoction alors qu’elle tournait toute seule dans le récipient.
« Ce soir, nous allons créer une entité qui va traverser les siècles, une entité qui protégera le commun des mortels des tentatives de l’Arche de retrouver cette carte. Nous ne pouvons plus laisser nos adversaires gagner du terrain ! Nous devons nous battre contre eux, pour nous, pour le monde ! Alors qu’elle était en train de terminer sa phrase, la lame devint de la même couleur que le mélange : violet.
Enlevez toutes et tous vos toges afin que je puisse vous marquer avec le sceau. » Continua-t-elle en prenant l’obget contendant dans sa main et en plongeant son extrémité avec le symbole dans la braise encore rouge. Elle l’y laissa un court instant, tout juste assez pour retirer le bol de là où il se trouvait et de le mettre dans une grande bassine d’eau froide.
Puis, elle sortit le marqueur de sa chambre ardente et elle passa derrière chaque personne, les marquant dans le dos, accompagnée par le bruit de leur gémissement de douleur et cette odeur de chair brûlée. Une fois sa tâche terminée, elle se déshabilla à son tour, dévoilant des seins fermes et la même marque qu’elle venait de graver. La maitresse de cérémonie prit alors le bol et l’apporta à sa bouche, dégustant ce mélange de sang. Sa langue vint récupérer la dernière goutte qui avait longé sa lèvre inférieure pulpeuse puis un sourire se dessina sur sa bouche.
« Venez boire mes frères et mes sœurs ! Venez-vous lier à tout jamais ! »